Plébiscitée par les sportifs de haut niveau, la thérapie par le froid ou cryothérapie s’adresse de plus en plus au grand public. Est-ce efficace pour récupérer après une séance de sport? Aide-t-elle à réduire les risques de blessure ou à améliorer ses performances? Explications.
Exposer son corps à un froid intense, ça vous tente? La cryothérapie a le vent en poupe dans les milieux sportifs professionnels et amateurs. Si les avantages sont certains, il est indispensable de prendre quelques précautions.
“Il existe plusieurs techniques de cryothérapie, explique Jean-robert Filliard, Président de la Société Française de Cryothérapie Corps Entier et adjoint au chef du pôle médical de l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep). Cela va de l’application d’une poche de glace sur une zone du corps, à l’utilisation d’un spray refroidissant, à l’immersion des jambes dans de l’eau glacée, ou à l’exposition du corps entier dans une chambre de cryothérapie ou seulement jusqu’au cou dans une cryo-cabine, une sorte de cylindre géant. Dans tous les cas, même si l’action est plus ou moins ciblée ou plus ou moins forte, le principe reste le même: utiliser un froid intense, pouvant aller de -110°C à -140°C, pour provoquer un choc thermique.”
Le but: diminuer la température cutanée et entraîner des modifications physiologiques qui permettent de soulager la douleur en cas de blessure -tendinite, entorse, lésions musculaires-, d’améliorer la circulation sanguine pour réduire les oedèmes, de favoriser l’oxygénation des muscles pour accélérer la récupération.
La cryothérapie pour mieux récupérer
“Quand on pratique du sport de manière plus ou moins intensive, les atouts de la cryothérapie sont indéniables, assure le Dr Michel Gaillaud, médecin du sport à l’hôpital privé Oxford à Cannes (Alpes-Maritimes) et ancien médecin chef de l’Olympique de Marseille. Cette technique fait partie de l’arsenal anti-fatigue après une activité sportive. Tout comme les massages, les étirements, l’électrostimulation, les chaussettes de contention ou les règles de nutrition post-effort.” En pratique, cela aide à mieux récupérer. Comment? Lorsqu’on fait du sport, le corps produit des toxines, l’exposition à un froid intense permet de mieux les éliminer et de mieux oxygéner les muscles. Résultat: moins de courbatures. De plus, cela aide à relancer le retour veineux, à diminuer les oedèmes et les microlésions musculaires, ce qui accélère la récupération physique et réduit les risques de blessure. Idéal donc pour être plus performant à la séance suivante.
Soulager la douleur par le froid
C’est connu, appliquer des glaçons, par exemple, sur une entorse réduit la douleur. En effet, le froid permet un ralentissement de la conduction nerveuse, et les messages de la douleur sont diminués. Du coup, si on expose tout son corps à une température très froide, l’effet antidouleur est décuplé.
“Sans compter que mettre son organisme dans cette situation extrême, génère la libération d’hormones, dont les endorphines, qui réduisent les sensations douloureuses et favorisent le bien-être”, assure Jean-Robert Filliard. D’ailleurs, après une séance, on se sent bien et on dort mieux. “Je refais le plein d’énergie, et j’ai un sommeil plus récupérateur”, ajoute Sarah, 38 ans. “Autant d’atouts utiles pour les sportifs de haut niveau que pour les sportifs amateurs”, note le Dr Michel Gaillaud.
Comment se déroule une séance?
Avant de commencer, vous remplirez un questionnaire de santé pour savoir si vous ne présentez pas de contre-indications comme des problèmes cardiaques. Ensuite, il faut passer l’équipement adéquate: un maillot de bain ou des sous-vêtements que vous apportez ou qui vous sont fournis. Pour une séance de cryothérapie corps entier, vous entrez entièrement dans la chambre de cryothérapie et vous mettez, en plus, un bonnet et un masque pour éviter d’inspirer un air trop froid. Certains systèmes ont plusieurs compartiments avec des températures de plus en plus basses (-10°, -60°, -110°C). Et il s’agit de séances collectives à trois ou quatre personnes. Pour la cryothérapie dans une sorte de cylindre géant, vous êtes immergé jusqu’au niveau du cou. Et le professionnel est présent avec vous dans la salle.
Quelle que soit la méthode choisie, une séance dure maximum 3 minutes à environ -110°C. Pile le temps pour que le froid apporte toute son efficacité sans risque. Rassurez-vous, il s’agit d’un froid sec qui est plus facile à supporter. “La première fois, j’avais peur de ne pas tenir mais ce n’est pas douloureux ni désagréable. En tous cas, je ne grelottais pas comme quand je me balade parfois en plein hiver”, confie Dominique, 30 ans.
Quelles précautions?
“Pour la séance, les sous-vêtements, la peau et les cheveux ne doivent pas être mouillés, explique Alexandre Baccili, kinésithérapeute du sport spécialisé en cryothérapie. Car il y a des risques de gelure à cause du froid intense.” Pour cette raison, il est déconseillé de prendre une douche juste avant une séance. Et pour éviter toute trace de transpiration, mieux vaut avoir fait son cours de sport au moins 30 minutes avant. Pour les machines qui fonctionnent à l’azote, la pièce doit être bien aérée pour éviter le risque d’inhaler ce gaz.
Combien de séances faire?
Tout dépend des raisons pour lesquelles vous faites de la cryothérapie. Par exemple, pour faciliter la récupération physique, les sportifs de haut niveau planifient généralement une séance deux à trois jours avant une compétition importante ou après un entraînement particulièrement intense. De même, les sportifs amateurs peuvent en prévoir une après un effort physique plus soutenu. Comme Julie, 25 ans qui effectue toujours une séance après un semi-marathon pour “limiter les courbatures et la fatigue”. Par contre en cas de blessure, il est recommandé d’avoir un rythme régulier. “Pour une tendinite, trois séances par semaine, pendant un mois, peuvent être nécessaires”, précise Alexandre Baccili.
En pratique
La cryothérapie est de plus en plus à la mode. Et les centres qui proposent cette technique se multiplient. Il peut être recommandé de privilégier les centres gérés par des professionnels issus du milieu médical-médecins, kinés, infirmières…-.”Dans tous les cas, n’hésitez pas à demander si les équipements ont bien le label CE -Conformité Européenne-, gage de la conformité et de l’efficacité des machines”, conseille Alexandre Baccili. Côté prix, comptez entre 35 et 60 euros la séance, en moyenne.
Par Esther Elbaz, source : www.lexpress.fr